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Le secret de Polichinelle (S.-A #028)

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«J’ai l’impression de collectionner l’erreur judiciaire»
(San-Antonio «Le secret de Polichinelle»)

On est ici entre les copains tout à fait intimes, ainsi je vais trancher carrément: après le roman des mouches vient le tour du roman des rats et des pigeons.

Vous mordez le topo, ou vous avez de la moisissure dans le cerveau? Sans aucun doute il s’agit des aventures du commissaire San-Antonio. Il vient de se retourner de la RDA sain et sauf en y laissant des mouches pesteuses («J’ai peur des mouches»). Mais la vie continue, le style de l’écrivain se développe et il passe des insectes aux rats (de labo), aux pigeons et, dans la foulée, aux secrets d’État qui, vérification faite, sont souvent secrets de Polichinelle.

Vous avez bien deviner, j’espère,  qu’on va parler aujourd’hui du roman de San-Antonio qui s’intitule «Le secret de Polichinelle» et porte le numéro 28 dans la fameuse liste de San-A’s Adventures, comme disent les Anglais.

San-Antonio — Le secret de Polichinelle (1958)

San-Antonio — Le secret de Polichinelle (1958)

♦ Auteur : Frédéric Dard (sous pseudonyme de San-Antonio)
♦ Titre : Le secret de Polichinelle
♦ Série : San-Antonio
♦ Situation dans la série : #028
♦ Éditeur : Éditions Fleuve Noir
♦ Publication : 1e trimestre 1958
♦ Langue : Français
♦ Date et lieux principaux de l’action : Automne 1957. Briare, Évreux et ses alentours.
♦ Personnages principaux : San-Antonio, le Vieux, Bérurier, Pinaud, Magnin, le professeur Thibaudin, la môme Martine, sa secretaire, Minivier, Duraître, Berthier, Berger et Planchoni — les assistants du professeur. Les pigeons inconnus.

À noter :
♦ Tous les chapitres portent le mot «secret / secrète» dans leur nom.

La quatrième de couverture :
Guillemet Quatre jours après cette partie de chasse mémorable qui se solda par une hécatombe, le Vieux me fait appeler dans son burlingue secret. La pièce est triste comme un vieux numéro de la « Revue boursière », et le maître des Services paraît aussi joyeux qu’une catastrophe minière. Il est droit devant son bureau d’acajou lorsque j’entre. Ses poings sont posés à chaque extrémité de son sous-main et son front relié pleine peau de fesse brille à la lumière de son réflecteur.
— « San-Antonio, vous ne devinerez jamais la raison pour laquelle je vous ai mandé… »

L’AVIS D’AUTODIDACTE

L’histoire de ce polar débute par la chasse pendant laquelle Bérurier, un bon tireur et chasseur (presque alpin!) va tuer le setter du maître, M. Parderrière («[…] j’ai cru que c’était un lièvre. De loin, la perspective, hein?»), et Pinaud va se contenter du carcasse d’un pigeon voyageur au lieu d’une faisane. Ce malheureux oiseau porte à la patte un étui de métal contenant un message chiffré.

Ce truc semble assez louche et San-Antonio décide de passer ce papier bizarre au Vieux.

Quatre jours après la chasse, le Vieux fait appeler le commissaire dans son bureau.

Le Big Boss annonce que le message n’a aucun rapport avec un concours quiconque entre colombophiles. Il s’agit d’une formule pour parer aux radiations atomiques. L’invention n’est pas encore au point, les savants travaillent d’arrache-pied, mais déjà il y a une fuite!

Les recherches ont lieu dans un laboratoire privé et gardé. Il est située près d’Évreux, dans un coin isolé de la forêt. Le professeur Thibaudin qui y dirige, est d’une prudence maladive. C’est un vrai maniaque du secret. Il est le seul à connaître les formules de son invention. Les documents sont enfermés dans un coffre dont il est le seul à posséder la combinaison (le professeur Thibaudin, pas le coffre, a une mémoire exceptionnelle). Et quand même un pigeon voyageur essaie déjà de délivrer la formule de l’antidote atomique vers d’autres pays!

La mission du commissaire est bien précise: se rendre sur place gardant son incognito, élucider le mystère et trouver le suspect, ce mystérieux envoyer du pigeon truffé par des formules magiques…

* * *

Ce polar numéro 28 de la série, «Le secret de Polichinelle», est paru en 1958.

Si l’affaire précédente («J’ai peur des mouches») où le commissaire fait cavalier seul, est consacrée au menaces de l’arme biologique, ici on fait face aux éventuelles conséquences de la force nucléaire.

Le proverbe dit qu’«aux grands maux les grands remèdes». Peut-être c’est pour nous prouver la justesse de ces mots et la gravité du moment, que l’auteur engage dans la bataille ses troupes les plus fraîches et fameuses — le valeureux trio «San-Antonio — Bérurier — Pinaud». Expendables, quoi!

La plupart du temps l’intrigue de ce volume se déroule à huis clos, dans un petit labo où il y a quelques savants, un professeur féru et méfiant, son charmante assistante et… un traitre.

Par rapport à «J’ai peur des mouches», ce polar m’a paru plus intéressant grâce à son tempo et sujet ficelé, des digressions lyriques et kamasutresques, quelques calembours et métaphores truculents, toute cette plaisanterie gauloise qui devient de la manière de plus en plus précise la marque de fabrique de San-Antonio.

Un autre signe caractéristique de son style sont les renvois en bas de page. Les romans «Au suivant de ces messieurs» (S.-A #023) et «Les anges se font plumer» (S.-A #025) en avaient 14 par livre. Ici le nombre de renvois flambent en flèche: 56!

Reste encore le manque de cohérence entre côté polar et côté humour mais ça sent la vie, ça sent l’évolution non seulement de l’écrivain mais aussi de ses personnages.

A suivre. Sans conteste. Winter is coming et j’aurai besoin de l’énergie pour se chauffer. On dit qu’une bonne lecture en est une source épatante.

Niam Niam!

3.5/5

ANNEXES

1/ MOTS NOUVEAUX (liste partiel) :

♦ à facettes, loc.adv. — разнообразный, многосторонний, многогранный;
boutade, n.f. — остроумная шутка, каламбур;
fouette cocher, interj. — 1. разг. уст. пошел, извозчик (ямщик), гони! 2. разг. смелей!, вперед!, пошли!, поехали! погнали!;
galipette, n.f.1. прыжок, скачок; 2. «фокус», выходка; ♦ faire des galipettes — крутить шуры-муры;
prétentiard, iarde, adj., péj. — разг. с претензией, претенциозный;
sans bourse délier, loc.adv. — не раскошеливаясь, не истратив ни гроша;

2/ C’EST ÉCRIT :

C.Q.F.D., comme on dit au M.R.P., au R.G.R., à la S.F.I.O., au P.M.U. et à l’U.M.D.P.

— Il n’est pas tout à fait mort ? interroge Béru.
— Comment est son pouls ? demandé-je : agité, capricant, concentré, critique, cymatode, dicrote, fébrile, filiforme, formicant, fourmillant, fréquent, inégal, intercadent, intercurrent, intermittent, irrégulier, misérable, myure, ondulant, récurrent, serratile ou vermiculant ?

— Qué zaco ? fait Béru, lequel parle couramment l’italien.

Je regarde tour à tour mon lit et Martine, faisant une association d’idées qui lui est très perceptible. Mais visiblement elle craint d’être surprise en flagrant du lit et elle me laisse sur un sourire qui flotte longtemps après son départ dans la pièce exiguë.

♦ En cours de route, on parle du temps qu’il a fait, de celui qu’il fera et de celui qu’il aurait pu faire. Le temps est le plus beau cadeau que le Bon Dieu ait fait aux hommes en général, et aux Anglais en particulier. De quoi parlerait-on si nous existions dans un beau fixe perpétuel ? Hein, vous pouvez me le dire ? L’existence ne serait plus possible ! La civilisation ferait faillite. Il y aurait une recrudescence de criminalité. Tandis que grâce au temps on use le temps. C’est comme l’amour, on en parle pour se reposer de le faire.
Et tout le monde parle du temps, les grands hommes comme les petits, les grands artistes comme Brigitte Bardot… C’est le sujet universel. Le péché originel de la conversation. Il a ses techniciens : ceux qui trouvent les nuances, ceux qui se réfèrent à des rhumatismes, ceux qui se basent sur les baromètres (les positifs) ou le bulletin de la météo (les chimériques).
Il y a ceux qui lisent les présages dans le couchant ; ceux qui interprètent la face ahurie de la lune, ceux qui croient en leur carte-postale qui change de couleur ; ceux dont les cors au pied sont infaillibles et puis les autres… Tous les autres, vous, moi, lui et le voisin d’à-côté… qui en parlons pour en parler, parce qu’on ne sait pas quoi dire d’autre… Parce que, depuis des millénaires, depuis les cités lacustres, les Gaulois et Louis-Philippe, l’homme est enfermé entre les frontières de la pluie et du soleil, allant de l’une à l’autre avec un parapluie ou une ombrelle, avec un flacon d’ambre solaire ou un imperméable de chez C.C.C. !

♦ Il n’existe pas de mystères… Mais des illusions passagères…

♦ Je ne voudrais pas pousser le radioreportage plus loin que la décence ne le permet, afin d’éviter une descente de police, toujours est-il que lorsqu’à vingt-trois heures cinquante-neuf minutes, soixante secondes, les douze coups de minuit dégringolent, je sais par cœur ses contours, ses réactions, la façon dont elle appelle sa mère, celle dont elle lui crie de ne pas se déranger, la souplesse de ses reins, sa pigmentation, sa carnation, sa texture, son savoir-faire, sa passivité, ses exigences, les limites de son abandon, son velouté, son duveté, ses facultés antidérapantes, son pouvoir préhensif et compréhensif et ses délicates manières lorsqu’elle effeuille une marguerite, donne des boutons de rose, cultive l’aubépine en branche, met les doigts de pied en bouquet de violettes et se livre au lancement du disque avec une couronne de fleurs d’oranger.

♦ Quand une gonzesse me balance des « petits choux », des « grands fous » et autres « lapin joli », j’ai automatiquement envie de lui mettre une baffe dans la poire ; que voulez-vous, c’est physique. Je supporte pas la mièvrerie. L’amour, d’abord, ça se dit pas, ça se fait.

♦ — Ce que je veux dire, c’est qu’on m’a mis ici pour voir si tout était normal. Et je ne trouve pas normal qu’un employé se promène à des heures induses.

♦ […] pourtant on ne voit pas la lune. Elle est partie sans laisser d’adresse, ou peut-être est-elle allée acheter des croissants dans son premier quartier ?

♦ […] nous vivons à une époque où le matérialisme est roi ; où il n’existe plus que la noblesse d’argent. Boussac a remplacé le comte de Paris… Quand nous recevons un chef d’État, on lui fait visiter dans la même journée le Palais de Versailles et les usines Renault, comme s’il s’agissait de deux hauts-lieux de notre histoire ! Nous voulons sauver la face, alors que nous ferions mieux de sauver les meubles, vous ne pensez pas ?

♦ Notre durée limitée exige ce train-train végétatif… Avons-nous le droit d’user notre sursis à de folles équipées au lieu de le savourer délicatement ?

♦ Un tel langage attendrirait le cœur d’une statue de bronze. Il va droit à celui de Martine, et cette étape franchie, gagne d’autres endroits aussi sensibles de son académie. Cette académie-là, croyez-moi, c’est du billard. Une académie qui donne la faculté de passer un bon moment.

♦ C’est fou ce que les hommes sont impitoyables. Ils sont leur propre malheur. Le mal de vivre vient des autres vivants…

♦ De temps à autre il passe sur ses lèvres violettes une langue de bœuf trouée comme ses chaussettes et si écœurante qu’un tigre affamé préférerait s’inscrire à la ligue des végétariens plutôt que de se la tortorer. Ayant dressé un solide plan de campagne, je quitte mes archers afin de les laisser

♦ — Mademoiselle, Messieurs, en attendant les résultats de nos investigations (il trébuche sur le terme, mais passe outre), je vous serais reconnaissant de ne pas quitter la propriété… L’encours suit sa quête !
Bérurier lui touche le bras :
— Qu’est-ce que tu débloques ? fait-il.
— Hein ?
Pinuche se ravise.
— Je voulais dire : l’enquête suit son cours, excusez-moi, la fourche m’a langué ! Bon, conduisez-nous au laboratoire ! demande-t-il au gardien.

♦ Il est fortiche pour donner le change, seulement c’est l’enfance de lard !

3/ SOURCES :

♦  «Le secret de Polichinelle» (формат fb2) в GoogleDrive. Бесплатно.  Без регистрации.
♦  «Le secret de Polichinelle» (формат fb2, epub, txt) в Maxima-Library. Бесплатно. Требуется регистрация.

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